23 Avril 2021

Dans 57 pays, une femme sur deux est privée de la liberté de disposer de son corps

Dans 57 pays, une femme sur deux est privée de la liberté de disposer de son corps

Dans les sociétés ultra-conservatrices, le corps de la femme a toujours fait l’objet de controverses de toute sorte, considéré comme “un objet” sur lequel une femme n’avait aucun droit, hormis celui de porter des enfants et de leur donner vie. Bien qu'elles soient scandaleuses, ces considérations obscurantistes et machistes sont pourtant réelles et on les trouve même en Tunisie dans des cas extrêmes. Dans le monde, selon un rapport intitulé «Mon corps m’appartient» du Fonds des Nations Unies pour la Population (FNUAP), le concept de la femme-objet est très répandu. Celle-ci n’a aucun droit sur son propre corps et il lui est interdit de décider quoi que ce soit pour lui.

Près d’une femme sur deux dans 57 pays est privée des libertés liées à son corps, qu’il s’agisse de relations sexuelles, du recours à la contraception ou de soins de santé, affirme un rapport de l’ONU publié ce mercredi.

La situation est alarmante, surtout si l’on prend en considération les propos de Natalia Kanem, directrice du FNUAP. Elle souligne, en effet, que près de la moitié des femmes dans le monde “ne peuvent pas décider de l’utilisation des moyens de contraception ou de se faire soigner”. La directrice parle d’une bonne centaine de millions de femmes et filles qui se retrouvent privées de leur corps. Elles ne sont, dans ces 57 pays, que subordonnées contrôlées par les autres, en l’occurrence des hommes.

La peur de s’exprimer due à la peur des représailles

Cette marginalisation des femmes a créé en elles une peur bleue des représailles. De fait, toujours selon la directrice du FNUAP, cette peur les empêche de prendre la moindre initiative pour leur propre vie, ce qui les prive complètement de leur autonomie. Dans son rapport, le FNUAP évoque “des préjudices profonds” subies par les femmes qui auront beaucoup de mal à s’intégrer dans la société et, aussi, dans la vie économique du pays.

Par conséquent, malgré elles, les femmes sont dans l’impossibilité d’acquérir les compétences requises et exigées par le marché du travail, ce qui accentue leur exclusion de la société. Il faut, également, rappeler, que de nombreuses filles sont empêchées d’accéder à une éducation digne de ce nom.

Parmi les cas les plus concrets de violation des droits des femmes, nous avons le mariage forcé entre une femme et son violeur. Autre chiffre évoqué par le rapport et il souligne, également, la gravité de la situation : les femmes ne disposent que de 75% des droits légaux des hommes. 

Voici d’autres chiffres qui figurent dans le rapport du FNUAP :

 
  • Au Burkina Faso, seules 32% des femmes ont la capacité de décider pour leur santé
  • En Guinée, d’une manière générale, 29% des femmes sont aptes à décider pour elles-mêmes en matière d’accès aux soins ou de relations sexuelles
  • Au Niger, d’une manière générale, seules 7% des femmes sont aptes à décider pour elles-mêmes en matière d’accès aux soins ou de relations sexuelles
 
Note : proportion de femmes âgées de 15 à 49 ans qui prennent leurs propres décisions en matière de santé, de contraception et de relations sexuelles avec leur mari ou partenaire (données les plus récentes par pays, 2007 à 2018).
 
Source : rapport du FNUAP
 
 
 
 Fakhi Khlissa