12 Mai 2020

Confinement: et si on dédramatisait la prise de poids ?

Confinement: et si on dédramatisait la prise de poids ?

 

 Informations anxiogènes, interdiction de sortir sauf pour des besoins de première nécessité ou encore, mauvaise gestion du télé-travail... Le confinement est l'une des épreuves les plus difficiles par laquelle on est passé. Alors forcément, pour "décompresser", on a eu tendance à boire "un peu plus", à enchaîner les allers-retours au frigo ou à faire du sport, parfois à outrance. 

 

Notre rédaction a eu un entretien avec Dorra Béji, spécialiste en nutrition, pour avoir son avis sur la question. 

Une "dédramatisation" nuancée ? 

Si on France, l'IFOP (Institut français de l'opinion publique) estime que les français ont pris, en moyenne, 2,5kg pendant le confinement, notre nutritionniste rappelle que "ces chiffres restent aléatoires. Chaque personne est différente et ces 2,5kg ne sont qu'une moyenne." Au-delà des chiffres, c'est la psyché des tunisiens qui devrait primer. 

 

©manrepeller

Comment a-t-on pris ces kilos ? Sont-ils des kilos-refuges ? Une option facile pour éradiquer le stress ? 

 Le grignotage peut devenir une addiction 

Dorra Béji nuance les propos de certains médias "certes, il faut dédramatiser la prise de poids mais il ne faut pas oublier que, comme l'abus d'alcool ou le fait de fumer, le grignotage peut devenir une addiction." C'est-à-dire ? "Dans la nutrition, il y a toujours eu des quiproquos. Il faut écouter son corps, faire du sport ou manger une pâtisserie si on en a envie et réajuster son alimentation le lendemain parce que notre corps réclame plus de vitamines, tout cela est judicieux et naturel" Mais alors, qu'est-ce qui cloche avec le grignotage ? "Si on mange pour combler un vide ou, autrement dit,  si on mange ses émotions alors, on ne s'écoute plus et au lieu de se faire du bien, on se fait du mal."

 

 

 Alimentation entre bien-être et auto-destruction ? 

L'alimentation peut-elle devenir auto-destructrice ? Oui, si on est "dans l'excès et dans une forme d'anti-logique". Prendre ou perdre du poids d'une manière sensée et réfléchie n'a jamais été un problème. Tout comme faire du sport pour se défouler. Mais avec la dictature des régimes, les trainings aux promesses alléchantes voire surréalistes ( anti-calories, fat burner), on devient, bon gré mal gré, obsédé par le poids, par les centimètres et par ce qu'on ingurgite. "L'effet yo-yo naît d'une restriction qui est tout de suite contre-balancée par des compulsions" c'est, en fin de compte, une réponse naturelle de notre corps. 

 Faut-il jouer la carte du je-m'en foutisme pour être bien dans ses baskets ? "Je n'aime pas ce mot. J'ai toujours été partisane de "balance". Si on mange trop de sucre, on sera déprimé. Idem si on se prive. Là encore, il faut savoir s'écouter et cela s'apprend."

Même si cette période est difficile, on peut toujours "se faire du bien sans se ruer sur la nourriture, l'alcool ou la cigarettes. Pratiquer du yoga, dessiner, danser, cuisiner en étant conscient de ce qu'on mange... toutes ces activités nous permettent de nous épanouir"

Et surtout "n'oubliez pas que vous n'êtes pas seul et qu'on passe tous par là."

 Se recentrer sur soi-même pour pouvoir saisir la chance qu'on a d'être en bonne santé est beaucoup plus important qu'un chiffre affiché sur la balance. 

 

Fatma SG