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Organisateur de « d:ONE », un événement d'art contemporain, le Tunisien regorge d'idées et de projets.
Difficile de suivre Chiheb Ben Mahmoud. Il n'habite nulle part ou partout à la fois. Il multiplie les diplômes. Discret, l'homme préfère parler de ce qu'il fait plutôt que de ce qu'il est. En l'occurrence, il n'a pas de travail -au sens où le commun des mortels l'entend, mais une multitude de projets.
Le dernier en date s’est déroulé du 17 au 20 avril au Dar El Jeld Hôtel & Spa, dans la médina de Tunis : le Tunis Art d:ONE
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Cette Art Fair est un OVNI inédit en Tunisie. Chiheb Ben Mahmoud le présente comme un conclave : « C'est une réunion de professionnels et d'amateurs éclairés, un espace de regroupement. L'idée est de sortir de ces journées avec un certain nombre de résolutions afin de structurer le marché contemporain en Tunisie. Nous voulons encourager les galeries à jouer leur rôle, à dénicher de nouveaux talents et à les promouvoir hors de nos frontières. » Pour le Tunisien aux yeux bleus, il est important que chacun prenne ses responsabilités : « L'artiste ne peut pas passer son temps à faire sa promotion. Les galeries ont un rôle central. Beaucoup de gens achètent parfois simplement pour décorer, mais c'est un devoir car ils donnent de la valeur aux œuvres. »
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Des idées en cascade
En parallèle de ces discussions, les visiteurs peuvent découvrir dix suites de l'hôtel Dar El Jeld dans la médina revisitées par autant de galeries tunisiennes. Une exposition vivante et surprenante, conçue par la commissaire Elsa Despiney. Le lieu n'a pas été choisi au hasard. « Il titille les émotions, explique Chiheb Ben Mahmoud. Les Tunisiens ont un côté nostalgique. Ici, le cœur s'ouvre, car nous sommes sur un registre auquel les Tunisiens sont attachés, la tradition, et on s'y engouffre en proposant des œuvres contemporaines. Le lieu, très pur et blanc, est en complet alignement. »
Pour rendre cette exposition possible, il fallait bien sûr le soutien du propriétaire de l'hôtel, Si Ahmed Abdelkéfi. « Je suis venu sur la pointe des pieds, se souvient Chiheb Ben Mahmoud tout sourire. Et il a tout de suite accepté. Il voit 10 fois plus grand que moi. Il voudrait qu'on prenne toute la rue l'année prochaine. » L'objectif est donc de poursuivre le projet avec, peut-être à l'avenir, la présence de galeries internationales. Chiheb Ben Mahmoud reste cependant prudent. Il n'a d'ailleurs pas fait de publicité pour ce premier événement : « le concept est encore fragile. » Il ne veut pas créer une foire grand public qui servirait surtout à la promotion de la ville, mais un « événement stratégique » pour l’Art.
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Ce ne serait pas une première pour cet homme qui semble passionné de tout. Dans un autre domaine, celui de l'immobilier commercial, il a organisé en octobre dernier en Tunisie un sommet rassemblant investisseurs, opérateurs hôteliers, etc. Chiheb Ben Mahmoud a travaillé une dizaine d'années dans l'hôtellerie patrimoniale à Dubaï. Aujourd'hui, il souhaiterait participer au développement du secteur dans son pays. « Nous n'avons pas un problème pour construire, mais le talent c'est de gérer. Il y a un secteur entier de l'immobilier qui n'existe pas en Tunisie, je parle surtout des bureaux où les gens passent une grande partie de leur vie. C'est un potentiel qui se chiffre en milliard de dinars », estime celui qui a récemment convaincu une université publique tunisoise de créer un master de management et qui réfléchit à un Think-Thank dédié à la question.
Parallèlement, cet hyperactif qui aime donner un sens à ses passions envisage de lancer un rendez-vous dédié à la littérature. Là encore, il s'agirait d'un « événement stratégique » qui rassemblerait lecteurs et écrivains et « où l'accent serait mis sur l'expérience » : « l'achat du livre ne serait qu'accessoire. Les gens viendraient pour écouter l'écrivain parler d'un livre qu'ils ont déjà lu. »
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Un parcours loin d'un fleuve tranquille
Mais d'où lui viennent toutes ces idées ? « Dans cette nouvelle configuration où se trouve la Tunisie, cette nouvelle maturation, il faut multiplier les expériences », justifie Chiheb Ben Mahmoud qui reconnaît : « Ayant vécu à l'étranger, j'ai une vue aérienne. Je trouve qu'il y a des vides à combler. » Son parcours atypique, fait de bonds à gauche et à droite, le pousse probablement à se lancer dans de nouveaux projets.
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Fraîchement diplômé de l'Institut des Hautes Etudes Commerciales de Carthage, puis de la Wharton School of Business, aux Etats-Unis, Chiheb Ben Mahmoud a débuté sa carrière dans la banque avant de se tourner vers l'hôtellerie en occupant pendant 10 ans le poste de Directeur Général Adjoint au groupe Utic. En 2001 il s’envole pour Dubaï où il se spécialise dans l'immobilier de tourisme et de loisirs. L'expérience lui plaît mais Chiheb Ben Mahmoud n'est pas du genre à se contenter de ce qu'il a déjà obtenu.
Il reprend ses études à Antibes, en France cette fois, avant de revenir à Dubaï, une ville à laquelle il est particulièrement attaché. Puis retourne à Bordeaux pour un nouveau master avant d'enchaîner sur un petit tour du monde. « On découvrait sa prochaine destination lorsqu'il nous envoyait une photo de sa carte d'embarquement », raconte Sonia, sa sœur, qui se perd dans les dates en retraçant son parcours. Celle-ci laisse entrevoir toute son admiration pour ce frère aîné : « Il a plus d'une corde à son arc et ne s'embrasse pas des conventions. Il n'a jamais hésité à tout plaquer. »
A tout plaquer ? Pas tout à fait. Car il y a une chose avec laquelle Chiheb Ben Mahmoud ne transige pas : la famille. « C'est un vrai pilier, insiste Sonia. Je suis impressionnée, il est plus au courant que moi, qui vit en Tunisie, des histoires de famille. Quand il rentre, il s'arrange pour aller voir la cousine éloignée qui a perdu son mari ou la tante malade. Il a un grand sens du devoir et il donne du temps à tous. »
M.D
