Alors que Ramadan coïncide avec le confinement, la sexualité des Tunisiens n’en sort pas indemne. Entre ceux qui gardent vivace leur sexualité et ceux qui sont dans une forme subie ou imposée de sobriété, il n’y a pas de norme.
Le couple résistant à l’austérité
En ce temps de confinement et de Ramadan, Roua a décidé ne plus se laisser aller et d’entretenir la flamme du désir. Son mari préférant languir toute la journée, semblait ne plus la remarquer, de quoi l’inquiéter. Voit-il ailleurs ? Ahmed, son mari, est plutôt gourmand mais l’austérité imposée a infléchi son appétit sexuel. «ll ne la remarque plus, collé toute la journée aux infos », déplore Roua. Roua a sa manière pour raviver la flamme et elle est plutôt traditionnelle, lingerie sexy et séduction.
" Ça m’a fait plaisir que mon mari renoue avec la vie sexuelle "
Une fois nourri, le couple s’est mis à s’interroger. Un tel ébat rudimentaire en pleine soirée ramadanesque met-il en péril leur jeûne? Portés par l’excitation de leurs sens, ils ont dérogé à l’abstinence.
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« Ça m’a fait plaisir que mon mari renoue avec la vie sexuelle, c’est presque un signe de vie », se félicite Roua. Et d’ajouter : « Ce qui est chiant par contre c'est de devoir se laver immédiatement après l'acte sans se reposer pour se désouiller en frottant bien les parties génitales sinon la journée de jeûne n’est pas comptabilisée ».
Sans efforts
Pour Elyes, 40 ans, ce rythme de vie marqué par les restrictions n’a pas d’impact sur son euphorie sexuelle : « Ma vie sexuelle est presque comme avant. Je suis plutôt quelqu’un qui est porté vers le sexe, alors avec ma partenaire, on s’amuse à essayer plein de choses. Il faut dire qu’on a largement le temps pour », ricane-t-il.
Et d’ajouter : « Elle est aussi sur la même longueur d’onde que moi. Il faut dire que sans cela, on ne serait peut être pas ensemble. Je me vois mal imposer à une femme une relation sexuelle ». Sex-toys pour elle, vibromasseur pour lui, le couple a assuré ses approvisionnements. « On a eu tant de mal à les faire introduire sous le contrôle douanier, que ça serait bête de ne pas en profiter largement », dit-il en riant.
" Je me contente du porno "
Si Elyes semble prendre les choses en main, Tarek, 34 ans, se laisse aller. « Je n’ai pas de partenaire officielle et je ne suis pas prêt à en avoir en restant cloitré chez moi toute la journée », lance-il fataliste.
Charmeur, Tarek avait plusieurs conquêtes rencontrées dans des soirées. « Mais je n’ai pas tissé des liens assez fort avec l’une d’entre elles pour se permettre d’aller la voir pendant le confinement », déplore-t-il avec ironie. Alors pour y pallier, Tarek ne va pas de main morte avec le porno. « Au départ, c’était frustrant de ne pas voir des gens, de jouer le séducteur, s’amuser, mais aujourd’hui je me suis habitué. Je me contente du porno ; il y a de tout. Autant exciter son imaginaire pour rebondir de plus belle », raconte-il avec le sourire.
