25 Janvier 2021

Chronique de Shiran Ben Abderrazak | Le Droit à la déprime

Chronique de Shiran Ben Abderrazak  |  Le Droit à la déprime

Aujourd’hui je vais pousser un coup de gueule et réclamer mon droit à n’être pas bien et à être déprimé par tout ce qui se passe.

Cela commence à bien faire de se voir interdire le droit d’être déprimé par l’état de notre pays et, plus généralement, l’état du monde. La police de la bonne humeur commence sérieusement à me taper sur les nerfs. En permanence y a quelqu’un pour venir nous dire :

- C’est partout pareil 

- C’est pas pire qu’ailleurs 

- C’est moins pire qu’ailleurs

- Regarde, il faut beau au moins ! 

- Il y a des trucs sympas qui se passent, faut arrêtez de négativer.

Alors, déjà, c’est pas parce que c’est partout pareil qu’on n’a pas le droit de pas trouver ça normal, ensuite, c’est pas parce que c’est pas pire qu’ailleurs que l’on doit arrêter de vouloir que ce soit mieux ici et c’est encore moins parce que c’est moins pire qu’ailleurs qu’on devrait être content que ce soit comme ça chez nous ! Non, mais sérieux, c’est quoi cet argument ?
Ce serait comme de dire à quelqu’un qui aurait perdu l’odorat : « oh, ça va, te plains pas, il te reste le goût ! »

L’argument du ciel bleu et du soleil, je crois bien que c’est le pire, « non, mais regarde, la chance qu’on a, on est en plein hiver et il fait beau ! », Super ! Même pas le droit de déprimer sous la neige et la grisaille, ça te donne l’impression que même le climat, il a décidé de te contrarier quoi…

Ah… et ceux qui veulent nous faire croire que parce qu’il y a deux, trois petits trucs sympas qui se passent, c’est bon, ok, tout va bien ! désolé, je me suis planté en fait, c’est vrai que manger un lablabi va tout améliorer…

Le droit à la déprime aurait dû être inscrit comme droit essentiel et fondamental de l’être humain ! Déjà, les gens ont admis que le blue Monday existait et était la journée la plus déprimante du mois le plus déprimant !

En plus, j’ai oublié de vous dire, mais je sors de ma convalescence du Covid et l’état anxieux, la déprime et l’état dépressif semblent être des symptômes de l’après… donc, oui, j’ai le droit de l’être et j’assume de l’être.

Maintenant, laissez-moi déprimer tranquillement sur cette période bien pourrie en attendant que la crise nationale passe…

(Le Covid, oui, « le », j’insiste, je vous en parlerai un autre jour, peut-être, en attendant oubliez pas vos masques et vos lavages de mains constants, je vous assure que c’est pas sympathique comme petit virus)

 

Shiran Ben Abderrazak