10 Août 2020

Who's Hoa : Cheker Besbes, le journaliste passionné de politique

Who's Hoa : Cheker Besbes, le journaliste passionné de politique

 ©Hoa Magazine

Il a brillé lors des "grands oraux"  volant presque la vedette aux candidats à la présidentielle.

Avec son regard malicieux, son sens de la répartie et ses questions teintées d'ironie et de provocation, Cheker Besbes est devenu l'un des journalistes les plus compétents de sa génération. 

Voici le portrait peu commun de ce Robin des bois de la politique.

Acte premier: Présentation du personnage

16h. Un homme souriant au look casual chic débarque au bureau balayant les premiers signes de fatigue. Après de chaleureuses salutations, tout le monde s'installe et l'interview commence. Règlages de la luminosité, stylo bille clipsé et questions posées autour de l'immigration -un début cool pour cet amoureux des planches doublé d'un journaliste hors-pair-.

Je suis un hyper-actif 

Cheker Besbes

Cheker nous parle d'emblée de son engouement pour le théâtre "je devais avoir 10 ans quand j'ai participé à mon premier casting pour une radio à Monastir, "la ville dont il est originaire" avant de poursuivre "j'ai toujours eu une imagination débordante. Mes idées fusaient à tout instant et j'avais même l'impression de vivre dans un programme, une émission dont je tenais les rênes".

 

"C'est un an avant la Révolution, en 2010, que j'ai effleuré la politique. Mes anciens professeurs -Yadh Ben Achour en chef de file-, étaient de plus en plus visible sur la scène politique en Tunisie et c'est de là, que j'ai basculé de la culture vers la politique" c'est non sans enthousiasme et nostalgie que notre invité évoque les épisodes du 14 janvier "où j'étais à la fois journaliste mais aussi avocat". J'avais peur, c'était le brouillard total mais une montée d'excitation, inexpliquée, m'habitait. Wassim Ben Rhouma, mon collègue et ami, m'avait accompagné ce jour-là pour couvrir "la chute de Zaba" ou du moins, pour comprendre ce qui se tramait. En fait, on n'y comprenait rien comme tous les tunisiens !

 Acte 2: Devenir le Robin des Bois de la politique ?

"Un bon journaliste est un journaliste qui pose les questions qui dérangent. Etre aimé ou détesté n'est pas mon affaire." C'est au tac au tac que Cheker Besbes nous répond avant d'insister sur "le droit du citoyen de savoir ce qui se passe autour de lui. On n'est pas tous diplômés d'une fac de droit et les gens lambdas ne connaissent pas la constitution sur le bout des doigts. Mon rôle est donc de poser les questions que se pose un tunisien. Un journaliste se doit de trouver, de fouiller, de creuser, de tout faire pour, non pas s'emparer de la vérité, mais pour la délivrer à ces milliers de personnes qui lui font confiance."

Journaliste minimaliste versus journaleux bling-bling 

Journaliste anti-bling, Chaker Besbes reste sceptique quant à la question des chroniqueurs émergeants. "Il y a de très bons journalistes. La génération post-14 janvier est très prometteuse mais comment peut-on travailler correctement alors qu'on n'a ni salaire décent ni un statut professionnel stable ? Notre métier est plein de rebondissements mais malheureusement, les journalistes, ces artistes oubliés, travaillent dans des conditions précaires et il faut y remédier. Après, vous parlez de chroniqueurs issus des réseaux sociaux et qui n'ont qu'une seule mission "amuser la galerie". Je n'ai pas vraiment envie d'en parler parce que ma zone de cible est la politique." 

Une heure trente s'est écoulée comme ça, en un claquement de doigt. Le téléphone très modeste de Cheker Besbes a commencé à vibrer. On l'avait un peu trop retenu. Un dernier mot pour la fin ?' Le monde des médias et un monde de requins, l'unique arme pour s'en sortir, c'est de savoir garder son intégrité ". 

 

Fatma Souiri Gharbi