20 Avril 2019

Foot : La ligue professionnelle ou l’éloge de la dépression (Part II)

Foot : La ligue professionnelle ou l’éloge de la dépression (Part II)

Ce qui suit n’est pas une fine analyse footballistique, encore moins un constat objectif de la santé du football tunisien passé et actuel. Ce n’est que le ressenti brut d’un fan de foot désabusé par la médiocrité dans laquelle se débat notre fameuse « Rabta Mohtarfa », dont l’intitulé est certainement une malsaine allusion à la décrépitude de l’établissement hospitalier éponyme. Une médiocrité qui souffle à pleines joues sur un vent de nostalgie (justifiée ou pas) pour une époque pas si lointaine, me poussant à me réfugier dans le douillet souvenir d’un passé récent mais qui semble bel et bien révolu.      

Partie 2 : Pérégrinations footballistiques ( la Partie I c'est par ici )


Quand nous étions adolescents, à part le fort intérêt -indubitablement scientifique- porté pour l’anatomie féminine, tout ou presque tournait autour du foot. Il était question de sécher les cours pour des parties endiablées et riches en poussière sur le terrain vague se trouvant à côté du lycée, étoffer son lexique d’injures suite aux défaites essuyées à ISS Pro Evolution sur la Playstation I, mais également organiser la prochaine virée au stade entre potes.    


Dans cette partie II, je m’attarderai sur nos pérégrinations footballistiques pour aller chanter la gloire de Maher Sdiri, Hakim Bargui, Rchid Bouaziz, Nabil Homri, et Arafet Klich.

 

Drogue dure 

L’air de rien, aller au stade quand on est d’un âge à peine supérieur au QI d'une des stars de téléréalité relevait des douze travaux d’Hercule, dont les étapes peuvent se résumer comme suit : 

 - Commencer par l’autorisation parentale (Non ! je n’étais pas vraiment un dur à cuire) 

 - Mobiliser les ressources financières nécessaires alors que les 75% des 4 dinars d’argent de poche hebdomadaire ont été dilapidés à la salle de jeux 

 - Courir derrière un bus bondé de gens (surtout quand on est allergique aux bus, et aux gens) et le rater  

 - Consentir le viol de sa dignité par un chauffeur de taxi n’allant pas en direction du stade 

 - User de votre charme naturel pour convaincre ce trentenaire pas très net de vous prendre en auto-stop à l’arrière de sa C15 beige dégueulis, tout en priant pour qu’il soit exclusivement attiré par des personnes d’âge adulte

 

Là où vous avez failli perdre votre virginité à cause d’un Stade tunisien – Club Olympique des Transports 

 - Flirter avec les matraques des flics qui vous agressent par ennui à l’entrée du stade  

 - Se taper sans broncher l’orage qui se déclare un 12 mai

 - Au moment de l’annonce de la composition de l’équipe adverse par le speaker, manifester votre communion avec le reste du public (رقم وااااااااحد

 - Tout en esquivant les gouttes de pluie, éviter de vous prendre en pleine gueule un tir de Yassine Dehliz ou -selon les équipes présentes- un centre de Béchir Sahbeni, Mohamed Miladi, Ahmed Trabelsi ou Lassaad Horchai 

 - Manifester votre respect au gardien adverse lors des remises en jeu (Ohhh fils…)

 - Exulter comme si votre vie en dépendait à chaque but marqué 

 - Insulter votre propre charnière, l’entraîneur et la fédération quand vous êtes menés au score 

 - Sortir à cinq minutes du terme pour éviter la congestion dans les gradins   

 - Revivre au retour le calvaire subi à l’aller à ceci près qu’il fait noir et que les routes sont inondées 

 - Réciter l’éloge funèbre de vos Air Max Tn neuves qui n’ont pas survécu au remake du Déluge de Noé à Ras Ettabia.   

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 Aussi bizarre que cela puisse être, ce périple d’Ulysse demeure dans nos esprits comme un agréable souvenir, dont l’intensité se trouve décuplée en cas de victoire (encore plus si elle est imméritée), bien aux antipodes de l’expérience supporter que nous éprouvons de nos jours.

(La suite dans la partie III)      


S.M