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30 Mai 2021

Bipolarité et amour, une relation interdite ?

Bipolarité et amour, une relation interdite ?

“Ellotf, ouhhh mahboul hédhéka, il est bipolaire”. C’est à peu près ce que l’on peut entendre en Tunisie lorsqu’il est question de santé mentale. Il s’agit de l’un des sujets considérés comme un tabou intouchable. Pourtant, la santé mentale est  un mal qui ronge l’âme et qui la détruit à petit feu. Pourquoi a-t-on du mal à en parler en Tunisie ? Hoa Magazine a braqué son projecteur sur cette question cruciale, mais qui reste largement sous-estimée.


La santé mentale a du mal à se frayer une place dans les débats. Cela inclut inévitablement la dépression, ce mal qui ronge les Tunisiens. “Es-tu déprimé ?”, à cette question, on répondra “Lotf aalya !”, de quoi souligner la gêne suscitée par la question, voire “la honte” pour certains.

Selon le sociologue et professeur universitaire, Belaïd Ouled Abdallah. “Il existe ce que l’on appelle la représentation sociale des maladies. Des maladies, comme le cancer du sein, sont des sujets tabous. C’est valable pour la santé mentale et la dépression. Et pour cause : une certaine étiquette sociale que l’on a collée sur cette problématique -”, a-t-il commencé.


“On n’accepte pas la différence”

En fait, le sociologue parle d’un certain nombre de préjugés imposés aux personnes souffrant de troubles du comportement  ou de dépression, et ces préjugés sont très subjectifs. Par ailleurs, il faut tenir compte du contexte socio-culturel. “Les porteurs de maladies psychiatriques sont exclus et marginalisés. Par conséquent, ils n’entretiennent pas d’interactions sociales. Ils sont tout simplement exclus du système”, a expliqué Belaïd Ouled Abdallah.

Le problème, selon le sociologue, va au-delà des préjugés et de cette étiquette sociale que l’on attribue aux personnes souffrant de dépression. “Nous n’acceptons pas la différence”, a-t-il déclaré. Or, la dépression et la santé mentale sont des questions sérieuses. Cette dépression, poursuit-il, est une maladie comme toutes les autres. “La société peut en être la cause à travers la pression sociale et le harcèlement. Pour remédier à cette problématique, il faut en parler. La société civile et les spécialistes doivent s’y consacrer. Dans les médias, on déplore l’absence de spécialistes dans la question”, a encore déclaré Belaïd Ouled Abadallah.

La société ne tolère pas certains malaises psychologiques

La dimension psychologique du tabou de la santé mentale est tout aussi essentielle pour la compréhension d’un tel phénomène. “Les gens souffrent énormément, surtout les jeunes qui n’ont aucune visibilité sur l’avenir. Cette situation a renforcé certaines maladies psychiatriques et psychologiques. Avouer ce mal être et affirmer que l’on souffre d’une maladie mentale est difficile à annoncer”, nous a déclaré Docteure Hager Nayel, psychologue sociale.

Dans son analyse psychologique, la praticienne a évoqué le concept de la représentation sociale, inventé par le sociologue français Émile Durkheim, et qui s’inscrit dans le rapport entre la pensée collective et la pensée individuelle. “Chaque culture a sa propre définition de la douleur, notamment psychique. Par conséquent, certains malaises psychologiques ne sont pas tolérés facilement. Ils sont même stigmatisés et il arrive que l’individu se stigmatise lui-même, ce qui entraîne son exclusion. Ainsi, on peut dire que les individus souffrant de maladies mentales sont victimes des fausses croyances sociales, et le Tunisien vit pleinement cette stigmatisation”, a expliqué Docteure Hager Nayel.

“La peur d’être jugé et d’être rejeté”

Les conséquences d’une telle situation sont désastreuses pour l’individu. Il ressent, ainsi, la peur, l’incompréhension et il se retrouve écrasé par les préjugés. De ce fait, la personne atteinte d’une maladie mentale préfère se taire selon l’experte. Pis encore : la personne s’isole, se réfugie dans sa bulle au lieu de libérer son mal. “Malgré tous les appels de détresse lancés par le corps, la personne bloque son mal et essaye de le contenir sous la pression. Elle refoule ce mal de peur d’être jugée par les autres et d’être rejetée. C’est une véritable tourmente qui souligne à quel point le Tunisien donne beaucoup d’importance à l’image sociale, au jugement des autres et à la représentation sociale et aux normes”, a encore expliqué Hager Nayel, qui estime que ces effets sont accentués dans les régions intérieures de la Tunisie. “Le tabou y est plus profond”, a-t-elle souligné.

Les ingrédients pour mettre fin à ce tabou

Que faut-il faire, dans ce cas, afin de remédier à la situation ? La psychologue sociale insiste sur l’importance de libérer ce mal, soulignant qu’il faut mettre fin à ce tabou lié à la santé mentale et à la dépression. “Il ne faut pas hésiter à demander de l’aide et il ne s’agit pas d’un signe de faiblesse. Ce tabou [de la santé mentale] prendra fin lorsque nous aurons appris à parler. D’un autre côté, il est essentiel de sensibiliser sur cette question et d’être à l’écoute - tout en restant neutre, sans jugement et avec bienveillance -. Il faut ouvrir la porte vers une véritable liberté d’esprit. Dans cette optique, nous devons montrer les bons exemples où des personnes ont réussi à faire face à leurs difficultés, tout en tenant compte du rôle fondamental des médias et des réseaux sociaux. Ces derniers peuvent nous aider à mettre fin à la stigmatisation des personnes atteintes de maladies mentales, mettant ainsi fin à ce tabou sociétal”, a encore déclaré la psychologue sociale Hager Nayel.
 Fakhri Khlissa 

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