Confinement, protocole sanitaire drastique, distanciation physique... on doit TOUS se plier à une discipline militaire pour se protéger mais aussi pour protéger les autres. Or, il n'y a pas que le Covid-19 qui terrasse notre santé physique et mentale. A ce fléau s'ajoute une mise à nu brutale de la précarité de milliers de personnes.
COVID-19: urgence sanitaire et dénuement social
La crise sanitaire que traverse le monde entier et la montée en flèche de la pauvreté évoluent parallèlement. Avec plus de 15% de la population tunisienne vivant en dessous du seuil de pauvreté, les tunisiens sont beaucoup plus préoccupés par l'épidémie du Covid-19 que par la faim. En effet, avec les deux mois de confinement, plusieurs petits commerçants se sont pliés aux mesures prises par le gouvernements et été contraints de mettre, "temporairement", la clé sous la porte.
D'autres personnes ont découvert le chômage partiel et ont du se serrer encore plus la ceinture pour faire leurs provisions...
Mais ce n'est pas tout.
Corona Versus bouffe
Menée par les experts du cabinet Deloitte, basé notamment en Tunisie, de l'institut OpenWay, l'enquête sur "les opinions publiques africaines sur la crise du Covid-19" a révélé que 70% des sondés en Afrique du Sud redoutent de manquer de produits de base comme le riz, les farines et les huiles.
Pour Hugues Cazenave, le président d'OpenWay, il est même possible que "le spectre d’un retour des émeutes de la faim de 2008" revienne, ce qui "contribue probablement à renforcer ces inquiétudes".
S'ils sont plutôt optimistes quant à l'évolution du Coronavirus, avec 81% de sondés confiants contre 59% pour les homologues français, les africains ont peur pour leur assiette et pour leur porte-monnaie puisqu'une invasion de criquets menace le continent. Elle peut en effet entraver la saison de la moisson et avoir des incidences sur les récoltes de blé dans ces pays.
Sous l'épée de Damoclès
Si les privilégiés peuvent amortir le choc d'une crise économique qui déborderait sur le budget des ménages, la majorité ne pourra pas tenir aussi longtemps. Idem pour les aides de l'état qui vont se faire de plus en plus rares au vu des restrictions budgétaires et d'une économie de plus en plus fragile.
Avec une croissance négative qui serait en dessous des 2% (selon les dernières données de la Banque Mondiale en 2019) et un déficit budgétaire de plus en plus lourd, l'état ne pourra pas assurer des aides aux nécessiteux ad vitam aeternam.
Restons positifs ?
Toutefois, si notre économie bat de l'aile et si cette crise va en grandissant, tous les pays, même les plus "solides" sur le plan socio-économique, ont été éclaboussés voire affectés.
Mais si on est tous dans le même bateau, n'oublions pas que cette pandémie a permis de créer un lien différent, basé sur l'entre-aide et le partage. Avec plus de 22 mille bénévoles déployés sur l'ensemble du territoire tunisien, nos Scouts n'ont cessé de se démener pour aider.
Les laboratoires Aseptika ont aussi offert du gel et des masques pour le personnel médical de la Rabta. Sans oublier les chefs étoilés qui ont préparé des repas, tout au long de la durée du confinement pour divers hôpitaux de la capitale.
Mis bout à bout, ces gestes nous ont permis de juguler les ravages sociaux du Covid-19.
Certes, on n'est pas tous égaux face au Coronavirus. Plusieurs milliers de personnes ont perdu leur emploi, l'avenir des jeunes diplômés demeure incertain et si l'activité économique a repris au compte-gouttes, l'humain n'a jamais été aussi altruiste et généreux que durant cette période. Et rien qu'on y pensant, on retrouve la "banane".
Fatma SG
