Annoncée pour le 24 mai prochain, comme on peut le lire sur la page officielle de la Fédération Tunisienne des Restaurants Touristiques, l'ouverture des restaurants, bars et lounges se fera, cependant, au compte-gouttes. Or, si cette nouvelle nous met du baume au coeur, plusieurs night-clubs redoutent le pire pour la saison estivale.
La rédaction de Hoa s'est entretenue avec Said Louzir, le co-proprio du Play Bar Gammarth ainsi qu'avec, Haytham Fantar, co-fondateur du Yuka Tunis.
Une annonce à prendre avec des pincettes
Pour Said Louzir la réouverture "n'est pas pour aujourd'hui. Même si on pouvait ouvrir à la fin du mois, un club comme le mien ne prendrait pas un risque pareil" et la raison saute aux yeux "le Play Bar est un club in-door, pouvant légalement accueillir 180 personnes. Avec les quelques mesures annoncées et dont on est au courant, je ne pourrais accueillir de 30% des clients" mais ce n'est pas tout "et quand bien même je rouvrais les portes du club, pensez-vous que les gens vont se déplacer pour rester assis ? ça me paraît rocambolesque !" Acteur emblématique du monde de la nuit, Said alias Dido se rend à l'évidence "passer une soirée chez soi, avec ses potes, en mettant du bon son serait plus intéressant que de devoir se tortiller sur sa chaise !"
Said Louzid, fondateur du Play Bar Gammarth
Pour Haytham, ce"problème" ne se pose pas "on est un club out-door avec un grand espace. C'est notre point fort. D'ailleurs, on a déjà fait des soirées, comme celles où on a accueilli la Diva, Amina Fekhet, en respectant un minimum de distance entre les tables. De plus, l'avantage du yuka, c'est L'ESPACE. Certes, on va réduire notre capacité d'accueil de moitié mais on va mettre des "box" pour que les gens puissent danser par petits groupes"
Je ne sais pas si je vais ouvrir cet été 
Said Louzir Fondateur Play Bar
Par contre, pour le Play Bar, la situation se corse. Sans terrasse, Said Louzir sera obligé d'ouvrir la climatisation. Or " les médecins disent qu'elle accélère la propagation du virus !"
Face à ce point de non-retour, le proprio avoue qu'il " n'a aucune visibilité et vu la tournure que prennent les événements, je ne sais pas si je vais ouvrir sous cette forme là."
La crise, ce booster de créativité ?
Pour le Yuka, "tout baigne" ou presque puisque "on est fermé depuis le mois de janvier pour des travaux de rénovation donc cette situation nous a permis de réajuster notre réouverture en fonction des mesures prises par la FTRT (Fédération Tunisienne des Restaurants Touristiques)" mais là encore "on compte sur le bon sens de nos clients. Notre communauté nous soutient depuis le début et elle a compris que même après la réouverture -prévue après le ramadan-, rien ne sera plus comme avant." Haytham évoque "l'obligation de porter des masques et des gants pour le personnel, la mise à disposition des gels hydroalcooliques et la désinfection des lieux" mais, tout n'est pas si rose. "Il faut reconfigurer le partying et aider les artistes. Comment vont-ils faire avec l'annulation des programmations musicales ?" Le mécénat serait-il une solution pour aider ce maillon essentielle du night-clubbing à sortir la tête de l'eau ? "les entrepreneurs devraient soutenir le deejaying pour permettre à ses acteurs de survivre. C'est un retour à une ancienne forme de relation artiste/mécène et l'histoire nous a prouvé que ce cas de figure a été longtemps garant d'effervescence artistique" Et pour Said Louzir ?"Je mise, tout comme la plupart de mes consorts, sur le digital" ce qui se traduit par "une session de mixage online avec les Dj ou encore la possibilité de rester chez soi et de demander au Dj de votre choix de vous préparer une playlist sur-mesure. C'est du gagnant-gagnant et surtout, c'est SAFE" Mais ce n'est pas tout " le monde de la nuit est un monde qui vit par et pour le partage, les gestes affectifs bref, par le contact humain. Si on ne peut plus danser au club, le club viendra chez vous !" A priori fantasque, ce point prend tout son sens quand on apprend que "des packs sont en train d'être préparés. Soirées à thèmes, boule à facettes, maquillage... on a pensé à TOUT pour que nos clients s'ambiancent avec zéro risque"
FB: Yuka Tunis
Fêtard et bon vivant, le tunisien ne sera pas déçu par ces changements ? "Il en sera friand ! Et surtout, on doit être dans l'action en étant efficace et en limitant au maximum les pertes financières et les potentiels licenciements tout en veillant à la sécurité de nos clients."
Mais là où nos deux interviewés se rejoignent, c'est sur le fait que "rien ne sera plus comme avant".
Fatma SG
